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LE CAFÉ EN BULLANT

à la rencontre des habitants
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Le Café en Bullant naît de cette volonté de rapprocher l'habitant et l'architecte pour démocratiser les processus de transformation de la ville. Ce café mobile investit les espaces publics bordelais non appropriés et engage un dialogue avec ces lieux et leurs habitants. Autour d'une structure roulante construite en matériaux de récupération -caisses de vin et palette - tables et chaises pliantes se déploient au coin d'une rue ,ou sur une place , et invitent les passants à partager un moment convivial. Les lieux expérimentés nous interpellent, car trop souvent marqués de préjugés et d'a priori. Le support du café amène à comprendre le fonctionnement et les usages de ces espaces. Le café invite à prendre conscience de son environnement. Il suscite l'envie de pratiquer ces espaces autrement. Au sein des quartiers investis, nous identifions les besoins des habitants. Le Café en Bullant appelle à rêver son espace quotidien. Ainsi, dans les pages suivantes, nous vous invitons, à votre tour, à faire connaissance avec ces places et leurs habitants.

place cardinal donnet

PLACE DU CARDINAL DONNET

 

Place du Cardinal Donnet. Les boules de petanque s’entrechoquent. Ambiance sud de la France à l'heure de I’apéro. D'ailleurs, on nous dit « Vous n'allez pas le vendre votre café, ce qu'il vous faudrait c’est des bières  ! ».


à quelques mètres de là, de jeunes parents veillent à ce que le petit dernier ne chute pas du toboggan.  Mais ça,  ça se passe de l'autre cote de la cloture. D'ailleurs,  le seul qui franchit cette limite c’est Houcine,  prof d’économie, habitué de la place.  Il connait  aussi  bien  les parents  que  les boulistes.

Si vous étiez venus quelques heures avant, vous auriez vu les paroissiens se dépêcher,  avec pour  les plus pressés, l'envie de pousser le Cafe en Bullant pour se garer.

Il y a aussi le jeune qui retire son V3 à la borne.  Et puis  Frédéric,  le trentenaire qui dépose ses bouteilles au recyclage. Il nous salue mais passe son  chemin. Finalernent, il revient pour nous offrir des sachets de thé. C’est la qu'arrive Monique, 75  ans, venue promener son chien.  « Si c’est gratuit je veux bien m'asseoir, » Habitante de la RPA depuis quelques années, elle dit préférer ce quartier (Sacré Coeur) à celui de la gare où elle vivait avant, et ajoute  « Les vieux parlent plus facilement, moi jeune je me mefiais  ».

Car cette place,  c’est la seule du quartier.  C’est bien pour ça que jeunes et moins jeunes la pratiquent.

Et Martine, 60 ans, nous confie : « Ce qu'il manque, maintenant que la place n’est plus un parking, c’est un espace de convivialité » et ajoute « Le terrain de boules prend  trop de place».


Alors pourquoi n'imaginerions-nous pas un aménagement pour rasembler toutes  ces  personnes   ?   Cet  espace   public,  fréquenté par bon nombre d'habitués, a le potentiel  d’évoluer pour proposer des supports de vivre ensemble (kiosque, café, espace de rencontre à la sortie de la garderie ... )

place raymond colomb

PLACE RAYMOND COLOM


Les roulettes se bloquent dans les pavés de la rue du Puits Descazeaux.   Par chance, la pente est en notre faveur ! ça sera plus dur au retour.   Encore un petit effort, une marche et le café sera installé place Colom. Quand on passe devant, on se demande toujours qui l'occupe. Le sans-abri, on l'avait déjà vu, mais le voisin sorti pour« capter le réseau »,  on ne l'avait jamais remarqué.

On entame une partie de Scrabble et quelques personnes s'arretent.Nathalie, 25 ans, nous explique qu’elle avait organisé un apéro de voisins un jour dans sa rue (Rue des Menuts) mais ca ne s’est jamais refait spontanément.

Et  Laurent, 45 ans, nous conseille d'aller rencontrer le libraire de I’Athénée Libertaire, rue du Muguet, car il a une très bonne connaissance du  quartier. Lui-meme semble déjà le connaitre comme sa poche. La plupart des gens qui s'arrêtent sont en effet des amoureux  de Saint-Paul.

Tout à coup, on remarque plus de passage rue de la Rousselle. Un tram a dû arriver Porte de Bourgogne il y a peu.

Du fait que la place Raymond Colom soit proche des lieux de consommation, elle possède un caractere anonyme. Ici, rien n’étonne  ou  n'interpelle. Zamil, 25 ans, venu nous aider à installer le café, est tout de même content qu'il s'y passe quelque chose,«  Vous me prévenez  quand  vous revenez  ».


L’après-midi passe lentement place Colom, ce qui laisse le temps d'admirer la beauté des lieux. Certains vous diront peut-être que c’est une  des plus belles places de Bordeaux, «  la  place  à  l'arbre  ».

quai de brazza

QUAI DE BRAZZA

 

« Qu’est-ce que vous faites quai de Brazza ?  » C’est exactement ce que nous a demandé la police montée le jour où le Café en Bullant s’est aventuré sur ces lieux. Après nous avoir observés un moment,   ils décident finalement de laisser Pl(utô)t Rêver investir cet espace public.

Entre herbes folles et pavés, le décor était planté.

à peine installées,  Michèle, 65 ans, en pleine excursion à vélo, rebrousse chemin et nous demande le but de notre démarche.  Et elle n’a rien contre un verre de citronnade.  « J’habite à Pessac, et depuis ma chute à vélo, c’est la première fois que je  reviens ici,  ça doit bien  faire un an.  J'aime me balader sur les quais rive droite  ». Le temps de notre discussion,  promeneurs, cyclistes ou coureurs défilent, Trois femmes en pleine séance de marche sportive lancent « C’est un petit café sauvage », « Si on n’était pas en train de faire du sport ...».  S'il y a ce ballet incessant,  c’est tout simplement parce qu'il n'y  a pas de banc.

Alors lire notre affiche, positionnée à une dizaine de mètres du café,  ça fait une pause. Pour les plus courageux, ils peuvent se joindre  à nous sous le parasol. Christine, 50 ans, s'approche. Elle
nous dit aimer la rupture rive droite / rive  gauche.  « J’aime  bien ce côté sauvage ... j’espère  qu'il  sera  conservé dans le futur parc.  »


Peu de temps après, deux amies passent une première fois à pied, reviennent en arrière et décident finalement de s’assoir un  moment avec nous. D'abord perplexes, elles trouvent notre démarche nouvelle et intéressante au fil de la conversation. Habitantes des  Bassins à flots, elles nous disent être tentées de repasser en fin d'après-midi.


Mais le soleil commence déjà à décliner et une soixantaine de promeneurs et sportifs est passée ce dimanche après-midi là.

place amédée larrieu

PLACE AMÉDÉE LARRIEU

 

Après-midi  maussade. Le café tente tout de même une sortie.  I'installation est rapide. Aidées d'un riverain, en deux temps-trois mouvements, chaises et tables sont déployées sur le gravier. Avant de retourner chez lui, il ajoute «  N'hésitez pas, si vous avez besoin de quelque chose». Assis sur  le rebord de sa fenetre, il nous observera un moment.

On se rend vite compte que les habitants séjournent peu sur cet espace.   La fontaine et la halle du marche seraient peut-être plus attractives si elles n’étaient pas coincées entre ces deux rues bruyantes.

Il n'y a pas  foule.  Nous allons à la rencontre des quelques courageux bravant le mauvais temps pour s'installer sous les platanes. Deux femmes,  assises avec leur poussette, nous demandent si c’est gratuit. Nous les incitons à nous rejoindre mais elles déclinent notre invitation.

Plus tard, Ali, 52 ans, venu jeter un œil à la « boîte à livres », s'approche.  Il nous raconte son histoire en Algérie et son arrivée à Bordeaux où il suit une formation pour trouver du travail.  Selon lui, le rapport à l'espace public dans son pays natal est différent:« Ici pour beaucoup de gens je suis trop intrusif ».

Entre deux pancakes, nous avons la visite d'un couple anglais de 45  ans  en  vacances. On leur demande leur impression sur la ville  : « On aime  découvrir la ville à vélo, hors des itineraires touristiques», Ce couple n'est pas le seul à se déplacer à velo. Aux abords de la rue de Pessac, on remarque  que la marche n’est pas l'unique  mode de déplacement.


La journée se termine avec Julien, 28  ans,  habitant un appartement donnant sur la place. Lui, semble mieux connaître le quartier et son offre  culturelle ; «  Moi j'aime bien ce quartier, il y a quand même pas mal d'activités ». Il fait de la capoeira et descend souvent s’entraîner sur la place.    Vous l'y croiserez peut-être un jour.

place calixte camelle

PLACE CALIXTE CAMELLE

 

Deuxième incursion rive droite. La place Calixte Camelle, au premier regard,  ne donne pas vraiment envie de s'y asseoir. Carrée,  pavée, elle paraît vide malgré les rangées de platanes en périphérie. Le dimanche on n'y trouve pas grand  monde.    Même les v3 ne sont pas en station.

Jamel, 37 ans, nous apprend qu’elle vit mieux en semaine, « Ca bouge les mercredis    et samedi après-midi avec les enfants, les lycéens, et le jeudi pour  le marché ». Une  de ses voisines    passe à vélo et nous confie que la place vivote au gré des évènements,    «  Il y a la fête de la musique, le marché,  la fête foraine ... mais ils stoppent tout à 19h   car après les voisins  (beaucoup de personnes âgées) se plaignent. Et puis il y a tout  de même beaucoup de désertion de la place pour les quais  ».

Pour beaucoup  le quartier  n’est plus ce qu'il était. Philippe,58 ans, tient un commerce depuis quelques années, « Ce quartier, il est à l'agonie... Sur cette
place, il y avait un garage, une banque, un PMU, des boulistes et là, c’est mort, tout a disparu... Il y a un marche qui « marchotte », des places de parking gratuit ... Et ils ont mis des vélos ...On s’en fout un peu des vélos non? »

Au fil des discussions, on tente de savoir comment les habitants définissent leur quartier.
« - lci, c’est pas la Bastide,  c’est la Benauge... Mais on n’est pas d'ici... Nous on est de Bordeaux.
-Mais on est a Bordeaux  !
- Ah oui, cest vrai. .. »


Mais finalernent, ceux qui ont toujours vécu ici évoquent un lieu où l’on se sent chez  soi.  « Ca perd en vie, mais c’est le meilleur quartier... On est un peu à l’écart mais ça reste  un  village, les gens se connaissent et on est juste à côté de Bordeaux » conclut  Jordan.

rue eugène leroy

RUE EUGÈNE LEROY

 

Friche & Cheap 

a demandé aux habitants de dessiner leur espace public rêvé...

 


Pl(utô)t Rêver est venue discuter autour d'un café avec ces habitants.

rue kléber

VÉGÉTALISATION DE LA RUE KLÉBER

Friche & Cheap
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Le Café en Bullant est allé à la rencontre des habitants de cette rue lors d'une après-midi plantations.

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