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"SI QUELQU'UN RÊVE SEUL, CE N'EST QU'UN RÊVE. SI PLUSIEURS PERSONNES RÊVENT ENSEMBLE, C'EST LE DÉBUT D'UNE RÉALITÉ !"

 

Friedensreich Hundertwasser

 

 

LAURE, ARCHITECTE D.E, DPEA ARCHITECTURE POST-CARBONE2

Jeunes architectes, nous sommes conscients de la complexité du monde et de ses enjeux. Des changements sur nos habitudes doivent s'opérer rapidement afin de conserver une situation mondiale stable. Au sein de Pl(utô)t  rêver, notre philosophie est simple. Il s'agit de réunir les gens pour qu'ils prennent  conscience qu'ils ne sont pas seuls et pour les accompagner vers  une  pensée  écologique du quotidien.

Le terme écologie rejoint l'idée du développement durable. Il s'agit de l'étude  des interactions des êtres vivants entre eux et dans leur milieu.
Cela prend en compte l'Homme et les sociétés et renvoie à la science de
l'habitat. Les études d'architecture nous permettent de poser un regard éclairé sur le monde. Ceci est à la fois vertigineux et passionnant. Nous
avons constamment envie de remettre la société en question. Parfois désœuvrés dans notre pratique du métier, l'association interroge les moyens pour améliorer les choses par des actions du quotidien.

Pl(utô)t rêver, c'est une envie de partager. C'est grâce à elle que l'on met en commun nos idées et que naissent l'envie et la force d'agir à notre échelle.Pour ma part, c'est un moyen de me rassurer,  en échangeant sur des sujets essentiels, de savoir que je ne suis pas seule a ressentir ce « désarroi ». Le mot est fort,  mais il exprime notre impuissance face à la gravité de la
situation.  J'emploie un ton dramatique, mais en réalité, les choses ne sont pas si sombres.

Nous sommes nombreux et motivés. Partout, des gens se réunissent et créent des mouvements dont les répercussions sont perceptibles. Nous
avons conscience d'appartenir à un réseau de collectifs. Et c'est pour
cette raison qu'il nous est permis de rêver. C'est par la multiplication de
ces actions que l'on met en marche la transition. Il est possible d'éveiller une conscience écologique auprès d'un plus grand nombre. C'est le seul moyen d'amorcer un changement durable.

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1 Architecte diplômé d'état, à différencier d'architecte HMONP (Habilitation à la maîtrise d'œuvre en son nom propre)
2 Diplôme propre aux écoles d'architecture
 

LUCIE, INGÉNIEUR ÉCOLOGUE

Dans ma tête, la ville, la cité, est un  lieu de rencontre, de partage, de convergence.  Elle est convergence des luttes, des volontés, des idées. Elle n'est pas une enclave, une île minerale dans le monde rural. Elle s'intègre, elle en est la suite, la continuité, elle s'y fond. Elle ne s'oppose pas à la nature. Dans ma tête, il y a autant  de place en ville pour les voitures, que pour les herbes, les liserons et les pommiers.  J'aimerais qu'on se réapproprie sa rue comme la nature. Pour recréer du lien. Du lien social, mais aussi notre lien avec la Terre. Dans ma tête, je vois une ville plus accueillante, des rues biologiquement et humainement vivantes, plus seulement  des lieux de passage. Des lieux ou l'on peut rester, s'asseoir, occuper, cultiver,  admirer. La nature des villes est une nature  fragmentaire,  modelée. Rendre sa place
à la nature en ville, c'est reprendre contact avec nos racines, c'est remettre par là même la Vie au centre de nos vies. Et cela permet de reprendre conscience des vraies valeurs de la ville : l’échange et le partage, et de toujours se souvenir de ce pour quoi elles ont été bâties :  à plusieurs, on est plus fort.
 

MATHIEU, MENUISIER, ARCHITECTE D.E, L'OUTIL APPROPRIÉ

Avant toute chose, Marie et Stéphanie n'avaient jamais plante un seul clou, ni même servi un seul café,

Pour construire le café mobile, elles ont eu besoin d'une  palette, de 15 caisses  de vin, de 57 clous, et de 4 roulettes 1. I’utilisation de matériaux de réemploi témoigne  évidement de I’attention qu’elles ont porté au coût. La quantité de café qu’elles ont bu pendant la fabrication de I’objet, un peu moins. Pour comprendre comment elles ont  réussi à boire 27 litres de café pendant la construction, il faut se pencher sur la méthode : un café avant de planter un clou ; un autre avant de I’enfoncer ; encore un  autre après s’être rendues compte que le tournevis n’était pas l'outil adéquat pour taper sur un clou. Le choix de l'outil reste primordial. Les pauses café sont généralement comptées comme temps de travail, mais là, il faut oublier les conventions. Le bon outil choisi et apprivoisé, il s'agissait d'assembler les caisses entre-elles, mais là encore, la pause café précédait l'acte. Se faisant, Marie et Stéphanie ont démontré une certaine habileté dans le réglage de la machine à café, toujours à fin de planter des clous. La solidite de l'ouvrage est assurée par le choix d'un mélange de grains robusta torréfiés avec soin. Achevé  et  achevées, le café en bullant est devenu un  outil d'appropriation de I’espace, en forme de service à café. Si I’ensemble revêt un caractère artisanal,  il n’en reste pas moins affuté pour la ville, prêt pour « tailler une bavette » au coin de la rue. Après calcul, le budget total de café dépensé pour la fabrication dépasse de loin celui de son utilisation  propre.

De la conception à l'utilisation, le café prend une place importante dans le processus et laisse penser que toute cette histoire serait juste un prétexte pour se mettre à boire du café et planter des clous.


1. Braquées sur un chariot  de supermarché.
 

MANON, MASTER EN ARCHITECTURE

La ville ne se lit pas et ne se construit pas de manière linéaire ou selon un seul axe d’étude. Au contraire elle est le résultat de la mise en tension de nombreux champs pluridisciplinaires qui  font d'elle aujourd'hui, un systeme complexe englobant différents  acteurs. Il est, des lors, difficile pour ces différents acteurs de trouver  leur place et leur identité propre dans ces nouveaux espaces   urbains. Cela entraine, bien souvent, une mise à distance du public  dans la fabrication et le developpernent de leur propre cadre de vie, et un décalage entre l'espace urbain résultant et l'usager. L’architecture et la fabrication de la ville sont devenues des domaines   réservés, compréhensibles et manipulables uniquement par les professionnels alors qu'ils touchent tous les acteurs de la société, Cependant, il suffit d'observer la capacité de l'usager à prendre  possession de certaines architectures, de détourner l'espace de la place, celui de la rue, la manière dont la présence  humaine impregne la ville en s'appropriant l'espace urbain, pour comprendre   que l'usager est en réalité un élément indispensable dans la fabrication de la ville. Il semble alors important de recentrer le processus urbain  autour de son principal acteur : l'usager. Il en résulte une volonté d'integration au processus de création mais aussi le désir de lui ouvrir les yeux sur ce qui se passe autour de lui et de le guider dans la manière dont il peut prendre part à la transformation de son cadre de vie. Il s'agit de comprendre les  mécanismes qui poussent les gens à s'assimiler à ces espaces et de faciliter l'appropriation des lieux crées, à travers l’échange et l’altérité entre les différents acteurs du projet urbain. Plus qu'une action urbaine, il s'agit aussi d'une intervention sociale qui permet non seulement de definir une identité propre aux lieux mais aussi par extension a leur population. La ville se construit alors pour et par ses acteurs.
 
 

CHRISTELLE QUINTON, ARTISTE PLASTICIENNE

J'ai découvert la "ville  autrement" pendant mes études d'arts  plastiques, quand au rythme de mes déambulations j'ai commencé à appréhender l'espace urbain comme une ressource  inépuisable d'objets et de matières à collecter. A partir de matières viles, je créais des objets intimes. J'ai observé sous différentes formes la présence d'intimité dévoilée dans l'espace public. De ce frottement entre intimité et exterieur émanait une fragilité sensible, une poésie urbaine qui me touchait.

En master Pratiques Artistiques et Action Sociale à Bordeaux 3, j'ai concu l'atelier Abrication Intime : marche, collecte et fabrication d'espaces poétiques dans la ville. Sa finalite : réapprendre à marcher pour découvrir lors de pérégrinations l'état poétique  de la ville ; modifier son regard sur la ville et se réapproprier  l'espace public pour en faire partie intégrante. à l'occasion de la déambulation artistique et festive Rêvons Rue en juin 2012  a
Paris, La Fabrique des Impossibles m'a accueillie pour mener à bien cet atelier. Nous avons forme un groupe actif de quatre  membres au sein duquel chacun a participé à la réalisation   d'une installation dans l'espace public. Fabriquées essentiellement à partir de matières collectées dans la rue, elles ont été réalisées in situ. Nous nous sommes exposées aux regards des passants, à leurs encouragements et à leurs oppositions, aux avertissements des autorites municipales, suscitant, dans tous les cas, remarques,  interrogations et surprises.
La rencontre avec les usagers des espaces que nous avons investis ainsi que l'observation en douce de leurs réactions ont été aussi importantes que la création elle-même.

Lorsque j'ai rencontré Marie et Stephanie de Pl(utô): Rêver autour du Bar en Bullant, j'ai retrouve dans leur demarche cette  approche sociale qui avait nourri ma première expérience de  création urbaine.
 

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