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DES PLACES ET VOUS À BOUSCAILLET

La place Adolphe Buscaillet, au cœur du quartier des Bassins à flot, illustre cette difficulté pour les espaces publics déjà constitués de s’intégrer aux transformations de la ville. Cette place Arts Déco étonne par sa modénature. Au premier abord, elle se présente comme un jardin urbain. Ses dimensions importantes empêchent de la visualiser dans son entier et de saisir son volume. Bordée par la route sur trois côtés, la place laisse transparaître les anciens bains-douches sur son quatrième côté. Sa partie Ouest se vit comme un jardin composé de haies, d’un square pour enfants, et de grands arbres créant de l’ombre. Au Sud, sur les traces de l’ancienne école primaire, des pergolas en béton structurent l’espace et complètent l’identité de cette étrange place. Le Kfé des Familles y prend ses quartiers et y développe ses activités. A ses débuts, cette association avait vocation à réunir des familles autour d’un moment convivial lié aux enfants. Les bornes de son action s’étendent maintenant au café associatif de quartier. Mais qu’en est-il de la place Différents ateliers de concertation ont été menés par l’association début 2015, qu’en est-il ressorti ? Dans quelle mesure cette initiative émanant des adhérents du Kfé des Familles a-t-elle la possibilité de se multiplier pour étendre son propos à l’ensemble des usagers du quartier ? Dans quelle mesure la Ville peut-elle prendre en compte cette initiative avant de faire projet sur la place ? Comment ne pas en faire table rase tout en considérant l’ensemble des habitants du quartier et la complexité des enjeux de cet espace ? 

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ATELIERS D'ARCHITECTURE...


Trois ateliers d’architecture sont menés, dont une séance dédiée à la restitution. Le premier atelier « Une place, un K-fé, des familles » dresse un état des lieux de la place. Le deuxième atelier « La vie rêvée de la place Buscaillet » vise à élaborer un programme pour la place à l’aide de différentes références sélectionnées par l’animatrice de l’atelier, elle-même architecte et habitante. Le troisième atelier, « La place Buscaillet, c’est moi ! » synthétise les souhaits exprimés lors d’une présentation publique. L’atelier de programmation pointe une quantité d’éléments à traiter sur la place. A l’issue des ateliers, nous synthétisons différents points à traiter en premier lieu : créer un lieu convivial pour le Kfé des familles, couvrir la pergola, agrandir l’aire de jeux pour enfants, limiter la dangerosité de la fontaine, occuper l’espace entre le bâtiment des bains-douches, et restructurer les passages et la circulation sur la place.

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... ET PROPOSITIONS

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Le collectif proposait d’investir la place tous les week-ends du mois de septembre 2015. Par la multiplication des prototypages d’usages et d’actions, ces temps de chantier testaient différents espaces de la place en réponse aux ateliers du Kfé des familles. Chaque week-end donnait l’occasion de révéler les potentiels spatiaux de certains espaces mais aussi les potentiels de vivre ensemble de la place en donnant la possibilité aux habitants du quartier de s’y réunir. Ces weekends étaient dédiés, d’une part, à la construction d’un sol en bois dans la fontaine. Partant du postulat que s’installer dans la fontaine limite de fait sa dangerosité, l’équipe imaginait un temps festif dans cette fontaine, devenue lieu convivial et central de la place. D’autre part, la présence des pergolas en béton à l’Ouest de la place était l’occasion de créer une terrasse ombragée au Kfé des familles. Pl(utô)t Rêver imaginait construire ces espaces, les laisser vivre quelques mois, et tester à nouveaux d’autres usages au printemps 2016 dans l’intention d’accompagner progressivement les habitants du quartier à s’investir eux-mêmes dans ces transformations.

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CHRONIQUE D'UNE MORT ANNONCÉE

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Rotule entre Bacalan et les Bassins à flot, la place Adolphe Buscaillet répond à la nécessité d’affirmer l’identité de la ville constituée face à l’abondance de nouvelles constructions, de nouveaux espaces publics non sédimentés et d’une population nouvellement arrivante. Bien au-delà de l’installation d’un café mobile sur la place à la belle saison, ou de l’installation d’un banquet éphémère dans sa fontaine, cet espace urbain mérite un travail de couture entre les différents tissus urbains, entre les divers temps de construction de la ville et entre les usagers du quartier pour être en mesure d’accueillir et de supporter au mieux les transformations métropolitaines. Au coeur d’un quartier déjà bien investi, notre proposition n’a jamais vu le jour. La concertation officielle a commencé en décembre 2015. Dans quelle mesure la concertation du Kfé des familles peut-elle alimenter la concertation institutionnelle ? La concertation institutionnelle est-elle une vague campagne de communication dans l’intention de satisfaire des demandes populaires trop prégnantes ? Le projet est-il déjà acté ou a-t-il la possibilité de se décider progressivement avec le terrain ? L’espace public est-il seulement un espace marchand et stérile où s’annihilent les usages au profit d’un intérêt général qui ne correspond à personne ? Cette restitution questionne notre position en tant qu’association à intervenir sur ces espaces de manière auto-commandée rien que pour le plaisir de la recherche et de la découverte.

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